On entend souvent dire qu'on utilise qu'une petite partie de notre cerveau, où bien qu'une personne est visuelle ou kinesthésique (apprend mieux avec un support visuel ou lorsqu'elle "touche"). Ce sont là des neuromythes! Il n'y a pas que dans le domaine de la neuroéducation que les mythes persistent. Effectivement, dans le domaine de la science, plusieurs fausses croyances circulent toujours. En tant qu'enseignant, il est de notre devoir de démêler tout ça auprès des élèves afin d'être un meilleur passeur culturel et de savoirs.
Voici donc sept énoncés que nous a proposés Marie-Hélène Bruyère, chargée de cours pour le cours de didactique de la science et de la technologie au préscolaire et au primaire:
1. La science est un ensemble de faits.
FAUX: Les ouvrages scolaires présentent souvent la science comme un ensemble de faits plus ou moins figés, mais la science est d'abord et avant tout un processus, une démarche pour tenter de comprendre comment fonctionne le monde autour de nous.
2. La science est complète, il ne reste que des détails à régler.
FAUX: La science est un processus continu et autocorrecteur, et nos connaissances actuelles (nos modèles) ne sont que les meilleures approximations que nous possédions à propos du fonctionnement de la nature, approximations basées sur les faits les plus précis disponibles aujourd'hui. Nos connaissances à propos de la nature continueront donc à évoluer avec la découverte de nouveaux faits.
3. Il n'existe qu'une seule "méthode scientifique" suivie par tous les scientifiques.
FAUX: La méthode OHERIC (observation, hypothèse, expérience, résultats, interprétation, conclusion), présentée en contexte scolaire, est un mythe, qui représente la façon dont les scientifiques rapportent leurs découvertes dans les revues spécialisées. Dans les faits, à peu près aucun scientifique ne travaille de façon aussi linéaire. Le processus de la recherche est complexe, avec de nombreux échecs, des détours, des reculs et des impasses, avant d'en arriver à un résultat intéressant d'un point de vue scientifique.
4. Les procédés de la science sont purement analytiques et impliquent peu la créativité.
FAUX: Face à un problème nouveau, les scientifiques doivent souvent inventer de toute pièce une nouvelle approche, concevoir de nouvelles expériences ou parfois même inventer de nouveaux outils pour le résoudre. Ils doivent aussi imaginer une foule de solutions possibles. La créativité et l'imagination sont donc absolument fondamentales en science.
5. Les expériences sont un élément essentiel du processus scientifique. Sans une expérience, une étude n'est ni rigoureuse ni scientifique.
FAUX: Il existe de nombreuses façons de recueillir des données et de tester des idées en science, et l'approche expérimentale n'est que l'une de ces approches. Il est par exemple possible de faire avancer nos connaissances scientifiques simplement en observant des phénomènes naturels de manière rigoureuse, sans intervention du chercheur. L'astronomie, science purement observationnelle où les objets d'étude (planètes, étoiles, galaxies) ne peuvent pas être transportés en laboratoire pour les soumettre à des expériences, constitue un bel exemple.
6. Les sciences naturelles (physique, chimie, etc.) sont plus rigoureuses que les sciences humaines (éducation, sociologie, etc.).
FAUX: Cette distinction entre sciences naturelles et sciences humaines a souvent plus à voir avec les méthodes de collecte de données privilégiées par chacune (quantitative en sciences naturelles vs qualitative en sciences humaines), qu'avec la nature des phénomènes étudiés. Mais dans les deux cas, il s'agit bel et bien de science. Par exemple, en psychologie, on peut mener des études quantitatives très rigoureuses avec de grands groupes et un contrôle serré des variables en jeu, tout comme on le ferait en physique ou en chimie.
7. En sciences, les idées sont absolues et permanentes.
FAUX: Les ouvrages et les programmes scolaires en science changent peu d'une génération à l'autre, ce qui peut donner l'impression que les idées scientifiques sont immuables. Mais nos connaissances actuelles sont des approximations basées sur les meilleurs faits disponibles, et sont donc sujettes à amélioration lorsque des faits nouveaux et encore plus précis deviennent disponibles. Il peut même se produire de véritables révolutions en science lorsqu'on découvre que tout un pan de nos idées à propos du fonctionnement de la nature est invalidé par une nouvelle observation ou un fait nouveau; cela survient souvent après l'invention d'un nouvel instrument d'observation ou la disponibilité d'une nouvelle technique d'investigation.
Les sciences au primaire peuvent être très excitantes et intéressantes! C'est pourquoi il ne faut pas avoir peur et en faire avec les élèves! Mais toujours est-il qu'il faut être bien renseigné avant des enseigner.
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