Pour ou contre l'utilisation des manuels scolaires et des cahiers d'exercices au primaire?


Dans le cadre du cours DDM3551, nous devions choisir un enjeu lié à l'éducation et le présenter sous forme de débat. Mon équipe et moi avons choisi "pour ou contre l'utilisation des manuels scolaires et des cahiers d'exercices au primaire?"  Grâce à ce travail, nous avons pu développer notre compétence Agir en tant que professionnelle héritier, critique et interprète d'objets de savoirs ou de culture dans l'exercice de ses fonctions. En effet, en cherchant les avantages et les inconvénients, nous avons pu nous faire une opinion plus juste face à ce sujet d'actualité. 

 

Depuis toujours, les élèves ont "orné" leurs manuels de graffitis, de dessins, de commentaires. La nouveauté, en 1882, consiste à produire des imprimés destinés à l'enseignement, mais dans lesquels on réserve des espaces pour permettre aux élèves d'écrire leurs réponses: ils peuvent dorénavant écrire dans les manuels! Ils seront non seulement appelés à écrire leur réponse, mais ils pourront aussi s'exprimer par le dessin et, parfois, les mutiler lorsqu'on leur demande de découper certaines pages. Ces cahiers ont fait une timide apparition durant la décennie de 1880. Aujourd'hui, ils sont devenus un des outils pédagogie les plus utilisés dans l'enseignement. Avant d'émettre mon opinion sur l'utilisation de ce matériel scolaire, voici un bref historique du manuel au Québec.

 

1765: Le manuel scolaire naît au Québec en même temps que l'imprimerie: le premier livre qu'on y publie est un catéchisme.

 

1840: Tout manuel, pour avoir droit de circuler dans les écoles, doit être "approuvé" par l'autorité gouvernementale.

 

1882: Les cahiers d'exercices font leur arrivée:  au début, ils font appel à un minimum de réflexion:

- cahiers de calligraphie

- vrais ou faux

- questions à choix multiples

Par la suite, les cahiers d'exercices font de plus en plus appel aux facultés d'analyse de l'élève:

- remplir les vides dans un texte

- répondre par une courte phrase

Plus tard, les cahiers d'exercices commencent à impliquer la formation d'équipes d'élèves et un niveau de réflexion plus élevé:

- jeux éducatifs

-réponses exigeant un développement

-approche ludique: mots croisés, dessins, découpage, etc.

- situations qui reflètent la vie courante des élèves

 

1944: La gratuité des manuels scolaires est graduellement instaurée. La production était très restreinte dans les premiers temps tandis qu'aujourd'hui, la production est fulgurante. Cette augmentation ne s'explique pas que par la croissance démographie: il faut aussi prendre en considération la multiplicité des disciplines nouvelles qui se sont ajoutées. 

 

1945: Une auteure vante les biens faits des cahiers d'exercices:

- épargnent du temps aux professeurs et aux élèves

- parfaitement gradués

-intéressent grandement les élèves et facilitent donc la discipline

-reposent les professeurs sans que cela soit au détriment de l'écolier

 

1960: Le rapport de la commission Parent donne le ton: "...le maître, s'il est compétent et s'il n'est pas surchargé, ne sera pas l'esclave d'un manuel et donnera des cours personnels."

 

1977: Un document ministériel sort dans les nouvelles: "L'intention était manifestement louable et le projet logique. En pratique, cette intention ne s'est pas concrétisée et s'est avérée trop théorique." On redonne alors au manuel la priorité dans l'ensemble des outils pédagogiques. On n'abandonnera pas les cahiers d'exercices qui feront désormais partie du paysage didactique.

 

1991: Les cahiers d'exercices apparaissent à un tel rythme que le ministère de l'Éducation décide qu'à partir du 30 août 1991, ils ne seront plus soumis à l'approbation. 

 

Pour faire un retour sur cet historique, les cahiers d'exercices ont d'abord été essentiellement des adaptations à des besoins précis en fonction de telle ou telle discipline et n'ont occupé qu'une petite place dans la panoplie d'outils pédagogiques. La situation change radicalement à partir de 1960. On dévalorise alors le manuel pour avantager les cahiers d'exercices. Le ministère de l'Éducation tient une position ambigüe: après avoir fait la promotion, il s'en distancie. Il ne le condamne pas, car de toute façon, ça ne servirait à rien car le cahier d'exercices fait maintenant partie intégrante de l'enseignement. 

 

Il peut être intéressant aussi de savoir comment ça fonctionne aujourd'hui en 2018. C'est le comité-conseil (formé de 9 personnes rattachées au milieu scolaire) qui a pour mandat de recommander au ministre l'approbation du matériel didactique (suite à l'analyse faite par le bureau d'approbation du matériel didactique) et de donner son avis au ministre sur toute question relative à l'évaluation, l'approbation, l'implantation et à la révision des ressources didactiques. C'est le ministre de l'Éducation qui établit la liste des manuels scolaires et du matériel didactique (convenu d'appeler matériel didactique de base) et c'est la commission scolaire qui s'assure qu'on ne serve que des manuels scolaires et du matériel didactique (de base) approuvés par le ministère dans les écoles.

 

Dans l'ensemble didactique de base, on inclut le manuel imprimé à l'usage de l'élève et un guide d'enseignement. Une autre catégorie de matériel didactique est celle qui comprend les ouvrages qui ne sont pas considérés comme du matériel didactique de base, mais qui peuvent tout de même être utilisés en classe sans autorisation du ministère comme un manuel touchant qu'une partie d'un programme d'étude, des oeuvres littéraires ou musicales, etc. Les cahiers d'exercices font partie de cette catégorie. Malgré qu'ils puissent être utilisés tous les jours en classe, ils ne sont pas considérés comme du matériel didactique de base et ne sont pas approuvés par le ministre. Ils ne sont ni interdits ni recommandés par lui. C'est l'organisme scolaire qui a la responsabilité de décider de l'opportunité de les mettre entre les mains des élèves. Les ensembles didactiques approuvés par le ministre sont complets en eux-mêmes et comportent assez d'exercices pour qu'il ne soit pas nécessaire d'utiliser les cahiers d'exercices. À notre époque, les élèves ont droit à la gratuité du matériel didactique, mais ce droit ne s'étend pas aux documents dans lesquels l'élève écrit, dessine ou découpe. 

 

Plusieurs critères permettent d'évaluer adéquatement le matériel didactique aux exigences du programme de formation:

1. S'assurer que le matériel satisfait aux exigences d'une approche par compétence et le langage doit être simple et accessible pour les utilisateurs.

2. S'assurer de la conformité des contenus d'apprentissage.

3. S'assurer que les activités d'évaluation des apprentissages contribuent au développement des compétences.

4. S'assurer de la présence et de la qualité des repères culturels et des pistes pour soutenir l'élève dans l'utilisation d'une langue de qualité.

5. S'assurer que les contenus sont exacts, objectifs et actuels.

6. S'assurer qu'il comporte des éléments qui favorisent et facilitent l'enseignement et l'apprentissage (qualité de facilitateurs pédagogiques).

7. S'assurer d'une représentation démocratique et pluraliste de la société (personnages des groupes minoritaires, des deux sexes, non stéréotypés, non sexistes avec des situations de la vie courante).

8. S'assurer de la qualité du matériel (durabilité, lisibilité du texte, présentation convenable, accessibilité aux informations).

9. S'assurer que le matériel est exempt de toutes formes de publicité.

10. S'assurer que le matériel respecte les valeurs orales et religieuses.

11. S'assurer que le matériel respecte les règles du bon usage de la langue et du code écrit, les règles relatives à la santé et à la sécurité, les règles relatives aux systèmes internationaux d'unités. 

 

L'approbation de ce matériel est valable tant que le programme demeure en vigueur. Toutefois, si l'information contenue dans le matériel avait avantage à être actualisée, la durée pourrait alors être limitée. 

 

Voici quelques avantages à utiliser les manuels scolaires et les cahiers d'exercices:

1. Ils suivent la progression des apprentissages

2. Ils servent de guide pour les nouveaux enseignants

 

Voici quelques inconvénients à utiliser les manuels scolaires et les cahiers d'exercices:

1. Ils ne s'ajustent pas aux situations réelles vécues en classe

2. Ils ne suivent pas la progression des apprentissages individuels des élèves

3. Ils ne favorisent pas une bonne gestion de classe

4. Ils n'intéressent pas tous les élèves (puisqu'ils ne se sentent pas interpellés)

 

Et moi, qu'est-ce que j'en pense?

J'ai une opinion qui se rapproche davantage du "contre" l'utilisation de ce genre de manuel. Mon expérience personnelle me permet de l'affirmer. En effet, lors de mon stage 3, j'étais rendu à enseigner le h muet aux élèves. Cette notion était bel et bien dans leur manuel de français. Par contre, puisque nous avions pris un peu de retard, cette notion se trouvait dans le cahier B, celui qui est supposé être vu au mois d'octobre. Par conséquent, toutes les notions abordées dans celui-ci touchent la fête de l'Halloween. Ce qui n'est pas mal en soit. Mais, comme nous avions pris du retard, nous étions rendus à la fin novembre, début décembre. Les élèves n'avaient aucun intérêt pour ce que je disais lorsque j'étais dans le cahier. Je les comprends! Pourquoi devons-nous encore faire des activités en lien avec l'Halloween lorsque notre coeur est à la fête de Noël... Donc, ce que j'ai fait, c'est que je me suis inspirée de ce qui se trouvait dans le cahier mais je l'ai adapté aux situations de la classe et au thème de Noël. J'ai immédiatement vu un intérêt grandissant de la part des élèves. 

Lorsque je conçois des activités qui intéressent les élèves, je facilite ma gestion de classe! Je suis consciente que tout construire peut être exigeant. Une belle solution: travailler en équipe cycle/niveau! Ce simple geste vient rejoindre plusieurs de nos compétences professionnelles: (1) puisque nous sommes capables d'être critique face à un outil pédagogique, (3) puisque nous concevons nous-mêmes nos activités, (5) puisqu'en concevant nos activités, nous pouvons nous ajuster au niveau de chaque élève et ainsi mieux les évaluer, (6) puisque notre gestion de classe se voit facilitée grâce à la motivation et la participation des élèves et finalement, (9) puisqu'il est possible de coopérer avec l'équipe-école pour nous aider dans la préparation.

 

Comme toute bonne chose dans la vie, la modération a bien meilleur goût! Il faut donc être en mesure d'expliquer le pourquoi nous utilisons ce type de matériel ou pourquoi nous ne l'utilisons pas. Il est également envisageable de prendre que les bons côtés de ces deux possibilités. Il suffit d'être capable de nous expliquer. 

 

 

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