Le rôle de l'éducation est-il d'enseigner des savoirs théoriques à l'école avant tout?


Dans le cadre du cours FPE2150, beaucoup d'idées de penseurs en éducation ont été abordées. J'ai agréablement été surprise par ce cours. En fait j'ai adoré en apprendre davantage sur les fondements de l'éducation. Ça m'a permis de prendre position face à certains enjeux éducatifs actuels. 

 

Voici un de mes textes sur lequel j'ai travaillé durant la session. Il s'agit d'une prise de position face à ce qui doit être enseigné dans nos écoles. 

 

Selon R. S. Peters, le rôle de l’éducation est avant tout d’enseigner des savoirs théoriques à l’école. Expliquez cette position, nuancez-là à l’aide des idées d’autres penseurs, comme Rousseau, Dewey, Neill et Reich par exemple. Prenez position.

            Richard Stanley Peters est un philosophe anglais dont son travail appartient notamment au domaine de la philosophie de l’éducation. Il a influencé, de manière significative, le développement de cette philosophie dans le monde entier. Peters définit l’éducation comme suit : « L’éducation [en somme], est essentiellement affaire de processus par lesquels sont intentionnellement transmises des choses valables d’une manière intelligible et consentie, lesquels créent, chez qui les apprends, un désir de s’y élever qui s’inscrit harmonieusement dans une forme de vie. » Selon lui, l’enseignant n’a pas éduqué l’élève s’il lui a transmis un savoir sans le vouloir. De plus, une participation consentie de l’élève est requise pour parler d’éducation. Dans un même ordre d’idées, Peters souligne qu’une des conditions nécessaires à la connaissance est la notion de désirabilité chez l’apprenant. Le savoir transmis est tenu non seulement de donner un sens à l’élève, mais également d’influencer la personne qu’il devient. Pour être éducatif, le savoir doit être estimable aux yeux de l’apprenant. Avec cette perception, les nouvelles connaissances acquises permettent à l’apprenant de mener une vie éduquée, justifiée et agréable. Pour Peters, une personne dont l’esprit a été développé par la connaissance et la compréhension est une personne éduquée. L’initiation à la culture et le développement de la raison sont deux aspects très importants dans l’éducation pour ce philosophe. L’éducation elle-même est une initiation à une culture tout comme l’esprit est le produit de pratiques culturelles spécifiques. Peters considère l’éducation comme une libération de l’intellect de l’innocence pour atteindre l’autonomie rationnelle. Il préconise un système éducatif par lequel l’élève est initié à un mode d’apprentissage qui met l’accent sur la compréhension rationnelle. Finalement, l’éducation elle-même est la finalité de l’éducation pour Peters. Effectivement, il prône davantage l’importance d’enseigner des savoirs théoriques à l’école que la manière d’enseigner.

            Cette vision de l’éducation n’est pas exactement la même que celle de Jean-Jacques Rousseau. Ce Copernic de la pédagogie moderne soutient qu’il faut davantage réagir à ce que l’élève est au lieu de lui imposer des apprentissages. L’apprentissage doit se faire naturellement et de manière expérientielle plutôt que par l’analyse ou l’assimilation de savoir. Voilà une première nuance avec la pensée de Peters qui lui, préconise la transmission de savoirs théoriques.  Dans un même ordre d’idées, Rousseau met l’emphase sur la manière d’enseigner tandis que Peters favorise le contenu d’enseignement à cela. Aussi, selon Peters, les connaissances acquises par l’élève doivent influencer la personne qu’il devient ce qui est l’opposé de l’idée de Rousseau qui ne veut pas que l’enfant devienne autre chose que ce qu’il doit être. Peters est animé par l’idée que ce sont les savoirs qui permettent de former la raison de l’élève tandis que Rousseau, lui, croit que l’élève développe sa raison par le biais d’expériences. Par contre, l’importance accordée à la signification des apprentissages de l’apprenant est ce qui rejoint les visions de ces deux hommes. En effet, un des principes éducatifs de Rousseau est qu’il faut partir de l’activité naturelle de l’enfant ce qui se rapproche de la vision de Peters : les savoirs transmis à l’élève doivent obligatoirement lui donner un sens.

            Il est également possible de comparer la vision de l’éducation de Peters avec celle d’Alexander Sutherland Neill. Ce dernier, pédagogue libertaire et fondateur de l’école Summerhill, a une vision de l’éducation qui diffère également de celle de Peters. Dans son école, aucune méthode d’enseignement n’est utilisée. Autrement dit, les méthodes d’enseignement ne sont pas importantes et les cours sont facultatifs. Les enfants sont libres de jouer dehors ou de se livrer à un travail manuel dans l’atelier. Même que certains enfants n’auront jamais ouvert de livres durant leur passage à Summerhill, car ils n’auront pas senti le besoin. Du coup, le rôle de l’éducation pour Neill ne rejoint aucunement celui de Peters qui préconise l’enseignement des savoirs théoriques, c’est-à-dire le contenu, dans les écoles. Au contraire, Neill prône la liberté et la coopération dans l’éducation. Selon lui, le secret d’une réussite réside dans cette technique pédagogique. Neill prend également appui sur la notion d’intérêt, notion clé de son discours pédagogique. L’intérêt de l’élève est le seul critère et le fondement même de l’éducation. Le rôle de l’enseignant est donc de découvrir où réside l’intérêt de l’élève et le laisser expérimenter afin qu’il développe ses propres connaissances. Pour Peters, l’expérimentation n’est pas une valeur importante à transmettre à l’élève. Pour éduquer l’élève, il faut davantage axer sur des faits qui lui ont du sens.

            Pour prendre position, je dirais qu’un mélange de ces idéaux formerait une belle vision de l’éducation pour nos élèves. Comme Peters, je crois qu’il est important d’enseigner des faits qui donnent du sens aux élèves. Leur compréhension est également capitale à leur réussite. Par contre, ce n’est pas que le contenu qui est important en éducation. La manière de l’enseigner est tout aussi valable et nécessaire. Comme Rousseau, je crois qu’il est possible d’apprendre par le biais de l’expérimentation. Finalement, j’aime la pensée de Neill qui veut donner beaucoup de liberté à l’élève. En faisant ses propres choix, l’élève développe non seulement son autonomie, mais apprend à mieux se connaître. Ceci étant dit, je considère qu’un certain cadre doit tout de même être donné. Les écoles alternatives, bien qu’elles ne soient pas pour tous les élèves, sont une belle inspiration pédagogique.

 

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